NOUS NE SOMMES PAS TOUS CHARLIE
Non, nous ne sommes pas tous CHARLIE, comme l’avancenLibération ce matin.nNon, pas plus que nous ne sommes ceci ou cela.nNous ne le sommes pas, parce que chacun de nous a son modend’être, et que s’ils étaient comme nous n’avons pas osé être, nousnn’étions pas comme eux, et JE n’ai pas osé, ou pas pu, ou pasnvoulu, ou pas trouvé en moi le talent, la force, l’audace, voire l’idée.nPourquoi serions-nous comme eux ? Et pourquoi l’affirmer ?nSe reconnaître dans l’émotion n’est pas s’identifier à ceux quinosent. Cela m’évoque trop les résistants de la dernière heure.nCet amalgame du « nous sommes tous » ne peut que me révolter.nIl y a plus de trente ans, Libération avait consacré un dossier sur lenphénomène Jean-Jacques Goldman. Une adolescente de quinzenans avait résumé ainsi la chose : « nous ne sommes pas comme lui,nmais lui il est comme nous. »nEst-ce si dur de reconnaître que nous ne sommes pas tousnCHARLIE ?nEst-ce indécent de refuser de se reconnaître dans un NOUS qui estnjustement ce que veulent nous imposer ceux qui les ont tué ?nDans la foule hier, Place de la République, un homme brandissait :n« je suis CABU ». Il parle en son nom, il s’exprime dans sonnressenti, il a ce courage simple d’être JE qui est la condition pournque le NOUS fasse sens, ce que Camus a exprimé en dernière lignende L’homme révolté : « je me révolte, donc nous sommes. » norbert.chatillon@sertif.com